Lorsque nous pensons à la nourriture qui est gaspillée, nous pensons probablement d'abord aux implications économiques et éthiques qui en découlent. Cependant, le gaspillage alimentaire ne se limite pas à cela ; il a aussi des implications environnementales. Lorsque de la nourriture est gaspillée, les ressources en énergie et en eau utilisées pour sa production, son transport et son emballage le sont également. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) signale qu'environ un tiers des aliments destinés à la consommation humaine est perdu ou gaspillé. Au niveau mondial, la perte et le gaspillage de nourriture génèrent chaque année 4,4 GtCO2eq, soit environ 8 % des émissions anthropiques totales de gaz à effet de serre. Ce chiffre est presque équivalent aux émissions du transport routier mondial.
Dans cet article, notre objectif est de mettre en lumière les principales étapes de la chaine d'approvisionnement impliquées dans le gaspillage alimentaire, de comprendre l'impact de ce-dernier sur l'environnement et d'examiner comment les entreprises peuvent le réduire à l'aide de l'ACV et de la SCM.
La plupart des gens pensent que le gaspillage alimentaire provient de la consommation, lorsque nous laissons notre assiette ou simplement lorsque nous avons oublié ce qui se trouve au fond de notre réfrigérateur. En réalité, la nourriture est perdue ou gaspillée bien avant qu'elle n'atteigne les consommateurs.
Il y a deux termes importants à comprendre lorsqu'il s'agit de gaspillage alimentaire, tel que défini par la FAO :
Il existe également des déchets alimentaires inévitables, c’est-à-dire des déchets alimentaires naturellement non comestibles, tels que les coquilles d'œuf, les os et les épluchures. Ils sont également pris en compte dans la catégorie plus large de "gaspillage alimentaire".
La phrase « génération du gaspillage alimentaire » ne peut être plus ironique, mais vous rencontrerez de plus en plus d'ironies de ce type lorsque vous vous plongerez dans les questions de durabilité environnementale (par exemple, le recours croissant à la capture du carbone qui perpétue la dépendance aux combustibles fossiles ou la diminution des engrais qui ne fait qu'intensifier l'utilisation des pesticides).
L'ampleur du gaspillage alimentaire varie en fonction du type de culture, du niveau de développement économique ainsi que des pratiques sociales et culturelles d'une région. Pour donner un ordre d'idée, 40 % du gaspillage alimentaire se produit au niveau de la distribution ou du consommateur dans les régions développées telles que l'Amérique du Nord et l'Europe, avec des niveaux similaires dans les pays industrialisés d'Asie. Ce chiffre change considérablement lorsqu'il s'agit des pays en développement où la plupart du gaspillage alimentaire se produit après la récolte au moment de la transformation, ce qui souligne la nécessité d'améliorer les technologies de transformation pour les denrées périssables telles que les fruits et les légumes.
En Europe, la plupart du gaspillage alimentaire se produit au niveau de la consommation. Selon les données de 2016 de l'ADEME, sur les 10 millions de tonnes de nourriture perdue et gaspillée chaque année, 33 % se produit pendant la phase de consommation, 32 % pendant la production, 21 % pendant la transformation et 14 % pendant la distribution.
Selon le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, toute denrée alimentaire destinée à la consommation humaine qui, à un stade quelconque de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée, constitue un gaspillage alimentaire. Par conséquent, toute nourriture perdue puis recyclée en alimentation animale est également considérée comme une perte et un gaspillage alimentaire.
Il faut également prendre en compte le fait que la valeur d'un produit (et de ses émissions GES) augmente au fur et à mesure qu'il progresse dans la chaîne, en raison des coûts de transport, de transformation, de vente ou de publicité, ce qui accroît la valeur des pertes correspondantes. Cela se traduit par une valeur encore plus élevée pour les pertes et le gaspillage attribués à l'étape de la consommation.
Malgré ces chiffres, on assiste à une prise de conscience croissante du problème du gaspillage alimentaire qui se traduit par des nouvelles réglementations, notamment en France. Depuis l'adoption de la loi Garot en 2016, de la loi Egalim 1 en 2018 et de la loi anti-gaspillage en 2020, il est illégal de détruire ou de jeter des aliments pour les détaillants et les grossistes qui doivent à la place les redistribuer à des ONG pour aider à lutter contre l'insécurité alimentaire. Nous constatons que de plus en plus de pays se dotent d'une législation similaire, mais à ce jour, il n'existe toujours pas d'indicateurs fiables pour suivre l'évolution du gaspillage.
Les aliments gaspillés qui finissent dans des décharges provoquent la libération de grandes quantités de méthane provenant de la digestion anaérobie. De plus, le traitement des déchets par incinération contribue également aux émissions de GES. Cependant, il ne faut pas oublier qu'avant que les déchets alimentaires ne se retrouvent dans une décharge, ils ont été cultivés dans des fermes, transformés dans des usines, transportés, commercialisés et préparés pour la consommation. Lorsque nous jetons de la nourriture, nous jetons également toutes les ressources précieuses qui ont servi à produire cette nourriture. Cela comprend l'utilisation des terres, des ressources naturelles et de l’eau utilisés pour les cultures et l’énergie utilisée pour la transformation des aliments.
La production alimentaire représente 70 % de l'utilisation mondiale d'eau. Cela signifie que lorsque la nourriture est gaspillée, l'eau utilisée pour la produire est également gaspillée. Cela affecte indirectement les régions où la pénurie d'eau est déjà un problème.
Les pratiques agricoles associées à la production alimentaire impliquent souvent la déforestation, la destruction des habitats et l'utilisation de pesticides et d'engrais. C’est pour cette raison que le gaspillage alimentaire a un impact négatif sur la biodiversité.
Selon la FAO, plus de 20 % des 263 millions de tonnes de viande produites dans le monde sont perdues ou gaspillées. Si l'importance de la réduction du gaspillage de viande est reconnue en raison de son impact considérable sur l'environnement, l'aspect du bien-être animal reste largement ignoré. La souffrance et la mort infligées aux animaux pour produire des aliments qui ne sont jamais consommés restent invisibles. Une étude a révélé qu'environ 18 milliards de vies animales étaient affectées par le gaspillage dans le monde en 2019.
Nous aimerions commencer par dire qu'à ce jour, il n'existe pas de méthodologie standard pour quantifier les pertes et le gaspillage alimentaire. De plus, la définition de la perte et du gaspillage alimentaire peut varier en fonction du pays, de l'entreprise et du consommateur.
Cependant, la réduction du gaspillage alimentaire fait partie intégrante de la réalisation de vos objectifs en matière de développement durable. Avec l'intervention des gouvernements, la sensibilisation croissante du public aux défis écologiques de la planète et le fait que le gaspillage alimentaire représente environ 8 % des émissions mondiales de GES, ne pas s'y attaquer rend tout simplement impossible le respect de l'objectif de 1,5 °C fixé par l'Accord de Paris.
Pour réduire le gaspillage alimentaire, des améliorations doivent être apportées à chaque niveau de la chaîne de valeur alimentaire - des producteurs et des industriels aux détaillants et aux clients individuels.
Le moyen le plus direct de réduire le gaspillage au stade de la production serait tout simplement de produire moins. Une grande partie du gaspillage peut être réduite en optimisant vos processus et vos systèmes de gestion. Les normes de commercialisation imposées par les distributeurs contribuent également largement au gaspillage alimentaire. Selon les données 2016 de l'ADEME, on estime que 11 % des légumes et 23 % des produits de la mer produits en France sont jugés non conformes ou "indésirables" en raison de normes très sélectives, et sont donc gaspillés.
Environ 14 % des déchets alimentaires en Europe sont attribués à cette étape, principalement en raison des produits périmés, endommagés ou invendus. Outre la gestion des stocks, vous pouvez également améliorer vos pratiques d'étiquetage en collaborant avec vos fournisseurs afin d'optimiser les étiquettes de péremption sur les produits. Pour les invendus des magasins, vous pouvez collaborer avec des organisations locales pour faire des dons afin de lutter contre l'insécurité alimentaire. Le recyclage des aliments est également une option viable, comme le prouvent les boulangeries françaises qui réutilisent le pain périmé pour en faire de la farine qui servira à fabriquer du nouveau pain ou d'autres aliments tels que des biscuits, des muffins et des pâtisseries.
La congélation est un moyen pratique d'éviter le gaspillage de nourriture à la maison. Elle permet de conserver les aliments plus longtemps, en ralentissant le développement des bactéries et en empêchant leur détérioration. En congelant les restes, les produits excédentaires ou les repas, vous prolongez leur durée de conservation, ce qui vous donne plus de temps pour les consommer avant qu'ils ne se gâtent. Opter pour des ingrédients congelés, en particulier lorsqu'il s'agit de denrées hautement périssables telles que les légumes, est non seulement une bonne pratique pour réduire les déchets, mais il a également été constaté que leur contenu nutritionnel est similaire, voire supérieur, à celui des légumes frais.
L’implémentation d’un système de suivi dans votre chaîne d'approvisionnement est essentielle pour identifier le parcours des produits alimentaires de la ferme à la table. Il permet d'identifier rapidement les problèmes ou les inefficacités susceptibles d'entraîner des déchets. En outre, il favorise une meilleure collaboration avec vos fournisseurs, en les rendant responsables de la qualité des produits et en les encourageant à respecter des normes élevées afin de minimiser le gaspillage. L'intégration de l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) à des pratiques efficaces de gestion de la chaîne d'approvisionnement (SCM) renforce encore cette approche. En analysant les points chauds où les déchets se produisent grâce à l'ACV, les entreprises peuvent identifier des opportunités ciblées de réduction des déchets, optimiser les processus et créer des chaînes d'approvisionnement plus durables, améliorant ainsi l'efficacité globale et l'impact environnemental.
Si les tendances actuelles en matière de déchets alimentaires se maintiennent, nous risquons de voir doubler leur impact économique et environnemental d'ici à 2050. Il y a toutefois des raisons d'être optimiste. De nos jours, la population est de plus en plus sensibilisée au gaspillage alimentaire et de plus en plus de solutions sont mises en place comme Phenix, Too Good To Go et Comerso. Outre les lois anti-gaspillage qui ont été promulguées, les autorités locales du pays ont également lancé plusieurs initiatives qui incitent les habitants à jouer un rôle actif, notamment en recyclant les biodéchets.
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